Une petite leçon sur la peur
Par Hoai-Nam Bui (elle), étudiante à temps plein, adepte du Kilter Board de Café Bloc l’hiver et de la consommation de beignets l’été.
L'été dernier, mon amie Cassy et moi, on s’est fait une liste des voies qu’on voulait grimper ensemble à Squamish où l’on prévoyait faire des journées Slaydie. L'Oracle (5.12a PG13) à Murrin Park était l'une de ces voies. Ayant entendu parler de sa réputation engagée, on a décidé de commencer par New Life (5.11b) qui fut notre première grimpe ensemble.
Cassy était un pilier sur lequel on pouvait toujours compter.
Pour moi, les ascensions qui se trouvaient sur notre liste étaient parmi les plus intimidantes et les plus effrayantes. C’était comme si je pouvais seulement rêver de les essayer.Et pourtant, son psych et son énergie m'ont permis de me sentir aussi enthousiaste et audacieuse qu'elle. Elle m'a permis (ainsi qu'à beaucoup d'autres) de me sentir vraiment compétente et forte. Son absence continue à se faire profondément sentir, mais on dirait qu'elle continue à nous motiver.
L’hiver passé, l’escalade a été difficile pour moi et j’ai eu plusieurs combats internes. J'ai dû faire face à un deuil et à une grande peur de l'escalade.J'ai fait quelques voyages d'escalade cet hiver-là, et il n'y en a pas un où je n'ai pas pleuré au moins un peu, et la plupart du temps, j'ai pleuré beaucoup.
La façon dont l'hiver s'est manifesté dans mon escalade a été difficile à cerner. L'escalade était à la fois un lieu de réconfort, de flow, de bonheur, mais aussi de deuil, de peur et de frustration. Je pensais qu'un grand voyage au printemps me permettrait de retrouver ma motivation.
J'ai ainsi acheté le van de mes rêves (merci Ollie!) avec toutes mes économies et je me suis lancée dans un méga roadtrip dans l'ouest. #Vanlife, n'est-ce pas? J'allais me trouver, être une badass bitch indépendante, et me lancer dans des projets tête première, comme Cass. J’étais loin de me douter qu'une semaine après le début de mon voyage, j’allais pleurer en plaçant mes protections et être incapable de grimper au-dessus de celles-ci.
L’enthousiasme que je ressentais pour l’escalade me paraissait loin et sans plaisir.
Peut-être que c'était mon anxiété qui parlait, mais je remettais en question mes décisions des dernières années. Est-ce que tout en valait la peine?
approcher la peur, la frustration et l'échec.
Une chose que l'on m'a dite et que je me suis répétée tout au long de ce processus, c'est qu'il fallait que je continue à me présenter.Si je continuais à me présenter, même si je n'en avais pas envie ou que j'avais l'impression que ça ne servait à rien, un jour, j’allais enchaîner. L’Oracle, c’est la première voie que j'ai vraiment apprise à connaître: ses subtilités, son rythme et son flow. J'ai vraiment apprécié ce processus et j'ai beaucoup appris sur moi-même concernant ma façon d’approcher la peur, la frustration et l'échec. Je me suis sentie inspirée, motivée et j'ai repoussé le récit interne selon lequel je n'étais pas assez forte ou courageuse. J'ai appris à respirer et à bouger avec ma peur, en l’acceptant et en travaillant plutôt qu'en la combattant.
J'ai appris que je savais reconnaître et évaluer les risques. Cette voie représente beaucoup pour moi—elle m'a permis de me sentir proche de Cassy, de me sentir courageuse et d'être enthousiaste à l'idée de grimper. Je suis reconnaissante d'avoir eu une personne qui m'a inspirée si profondément à essayer quelque chose que je pensais être hors de ma portée. Cass était infatigable dans sa façon de toujours se pointer. Je m'en tiens donc à ce mantra pour le reste de l'été, et que j'enchaine ou non la prochaine voie sur la liste, je sais que de bonnes choses viendront.